Il ladro di merendine 
[Stasera 01.09.2000 alle 20.50 su France 2] 

20.50
Commissaire Montalbano: Le voleur de goûter
Un film de Alberto Sironi. Scénario de Francesco Bruni et Andrea Camilleri. Musique de Franco Piersanti.

Avec : Katharina Bohm, Cuja Ielo, Cesare Bocci, Renato Scarpa, Jonis Bascir, Pietro Bondi, Marcello Perracchio, Francesco Stella.

Résumé : Montalbano enquête sur le meurtre d'un certain Lapecora, qui possédait une importante entreprise d'import - export. Sa veuve soupçonne l'amante de son mari, une jeune tunisienne prénommée Karima qui e mystérieusement disparu le jour même du meurtre. Montalbano met la main sur le fils de cette femme, qui, terrifié, s'était réfugié dans les rues du quartier avoisinant. Le jeune enfant, âgé de cinq ans, confie à Montalbano que sa mère a été enlevée. Après avoir découvert que Karima est la sœur d'un terroriste tunisien, Ahmed Moussa, mystérieusement tué le même jour que Lapecora, Montalbano réalise que les deux événements sont liés. En fait, il apparaît que le terroriste aurait contraint l'homme d'affaire, via sa sœur, à héberger une base terroriste. En vérifiant l'alibi de la veuve de Lapecora, Montalbano découvre que cette dernière a tué son mari. Elle venait en effet de découvrir que celui ci avait légué toute sa fortune à Karima. Les services secrets confirment les soupçons de Montalbano au sujet du frère de Karima. Karima a été tuée parce qu'on craignait qu'elle ne parle. Pendant l'enquête, Montalbano et sa fiancée s'attachent au fils de Karima et décident de se marier pour pouvoir l'adopter.

EN STEREO
Sous-titrage Télétexte France 2
Minutage: 1h45'01"Un nouveau héros policier avec Le voleur de goûter 

Enorme succès de librairie en Italie, l'univers du commissaire Montalbano débarque sur les petits écrans. 

C'est une petit ville délicieuse, écrasée par le soleil, les flancs léchés par une mer bleue et accueillante. Une ville de rêve qui, malheureusement, n'existe que dans l'imagination de l'écrivain sicilien Andrea Camilleri et de ses innombrables lecteurs.

Lorsqu'on voit apparaître Vigata à l'écran pour la première fois, on est dès lors interloqué. On ne l'imaginait pas si grande, si moderne. On s'était déjà fait son petit cinéma dans la tête. D'autant que l'univers de Camilleri pousse à la rêverie.

L'homme est né en 1925 à Porto Empedocle (dont on ne peut manquer de reconnaître bien des traits dans l'imaginaire Vigata) dans la province d'Agrigente dont Leonardo Sciascia est lui aussi originaire. Au cours d'une jeunesse bohème, il se lance dans l'écriture: articles, nouvelles, poésie. Son parcours semble tout tracé et pourtant, il ne tarde pas à changer de voie pour devenir metteur en scène et enseignant dans le domaine des arts dramatiques. Depuis 1953, on lui doit plus de 150 mises en scènes théâtrales. Il est aussi spécialisé dans les dramatiques radio et les réalisations télévisées. C'est ainsi qu'il réalisera en Italie une adaptation du Maigret de Simenon.

Mais pendant tout ce temps, Camilleri n'a pas oublié sa passion pour l'écriture. En 1982, à l'âge de 57 ans, il publie son premier roman. Il faudra attendre 1990 pour que le succès soit vraiment au rendez-vous. Depuis, Camilleri caracole en tête des meilleurs ventes en Italie avec deux types d'ouvrage: de savoureux romans consacrés à la Sicile du 19e siècle d'une part, les aventures du commissaire Salvo Montalbano d'autre part. Dans un cas comme dans l'autre, tout ou presque, se passe à Vigata. 

Dans le cas de Montalbano, c'est la Sicile actuelle qui est au rendez-vous. Commissaire bourru, un tan tinet paresseux mais vrai bourreau de travail lorsqu'il s'y met, il n'hésite pas à prendre quelques libertés avec les lois pour faire progresser ses enquêtes. Ou pour suivre plus simplement ce que lui dicte sa conscience. Jusque là, rien de bien particulier. 

Ce qui fait tout le charme des ouvrages de Camilleri, c'est l'univers dans lequel se déroule les enquêtes de Montalbano et, plus encore, la langue de ceux et celles qui en sont les protagonistes. Car Camilleri a véritablement trouvé sa voie le jour où il s'est mis à écrire dans sa langue d'origine, ce parler unique de la région d'Agrigente dont même ses lecteurs italiens ne peuvent pas tout comprendre mais dont ils savourent la richesse, la sonorité, l'inventivité. Ses livres mêlent ainsi l'italien officiel, les dialectes locaux, les langues des autres régions d'Italie et cette langue de Sicile imprégnée de tous les parlers de ceux qui se succédèrent sur ces terres, des Grecs aux Catalans en passant par les Byzantins et les Arabes. Certains, comme l'inénarrable Catarella, planton et téléphoniste du commissariat, se sont même inventé leur propre langage que personne, pas même Montalbano, ne réussit à comprendre.

Cette formidable richesse de la langue, ce jeu perpétuel sur les mots, les doubles sens et les métaphores, l'adaptation télévisée les gomme complètement, dans sa version française en tout cas. Les lecteurs de Camilleri (admirablement traduit en français par Serge Quadruppani) ne pourront manquer d'être déçus par cet aspect des choses.

Pour tout dire, on est même sévèrement ébranlé durant les premières minutes tant la voix française de Montalbano semble en désaccord avec son physique et l'idée qu'on pouvait se faire du personnage. Reste néanmoins que ce polar italien nous change agréablement des grosses machines américaines et des enquêtes à la française style Navarro et Julie Lescaut.

Malgré les inévitables raccourcis, cette première enquête télévisée de Salvo Montalbano ne manq ue pas d'atouts et parvient à restituer une bonne part de l'atmosphère très particulière des romans de Camilleri: ce subtil mélange d'enquête policière et de déambulation nonchalante à travers la Sicile d'aujourd'hui. Une réussite due en grande partie à Luca Zingaretti qui, en quelques minutes, parvient à s'imposer dans le personnage du déroutant policier sicilien.

JEAN-MARIE WYNANTS

«Le voleur de goûter», France 2, 20 h 50.

Les enquêtes du commissaire Montalbano sont publiées aux éditions Fleuve Noir.
Le Soir du vendredi 1 septembre 2000
© Rossel et Cie SA, Le Soir en ligne, Bruxelles, 2000