Magazine littéraire (n.407, 03.2002)
Brani tratti (con traduzione in italiano allegata) da articoli del dossier dedicato alla letteratura italiana in occasione del 22 Salon du Livre (Parigi, 22-27.3.2002)

Cesare Garboli: "Un monde sans perspectives"
Cesare Garboli, l'un des plus importants critiques littéraires de l'Italie, trace ici le constat sévère d'une littérature qui, selon lui, tourne résolument le dos au futur et manque de grands auteurs.

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- Que pensez-vous du grand succès du roman policier italien?
- En Italie, la tradition du roman policier était presque inexistante, par conséquent on lisait les auteurs étrangers. Aujourd'hui nous nous conformons à une mode intemationale, qui est soutenue essentiellement par le cinema. Nos écrivains la suivent, en comptant sur le fait que la société contemporaine est beaucoup plus sensible aux problèmes de la criminalité. A l'intérieur de cette tendance générale, il y a le phénomène particulier de Camilleri. Il s'agit d'un homme de grande intelligence qui a su rendre compréhensible la Sicile aux Italiens, grâce également à son dialecte sicilien quelque peu domestiqué. Jusqu'à maintenant, pour les Italiens, la Sicile était exclusivement un endroit touristique ou la terre de la mafia. Camilleri propose un voyage différent et montre une réalité plus complexe, mais surtout, à travers la Sicile, il raconte l'Italie. Ainsi, pour la première fois, les Italiens se sentent siciliens, ce qui est une nouveauté, car tous les grands écrivains siciliens, de Verga à Tomasi di Lampedusa, avaient toujours souligné les différences entre l'île et le continent.
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Propos recueillis par Fabio Gambaro

Cesare Garboli: "Un mondo senza prospettive"
Cesare Garboli, uno tra i più importanti critici letterari italiani, traccia il constato severo di una letteratura che, secondo lui, volta le spalle al futuro e manca di grandi autori.
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- Cosa pensa del grande successo del romanzo poliziesco italiano?
- In Italia, la tradizione del romanzo poliziesco era quasi inesistente, e di conseguenza si leggevano gli autori stranieri. Oggi ci conformiamo ad una moda internazionale, sostenuta essenzialmente dal cinema. I nostri scrittori la seguono, contando sul fatto che la società contemporanea è molto più sensibile ai problemi legati alla criminalità. All'interno di questa tendenza generale, vi è l'eccezione Camilleri. Si tratta di un uomo di grande intelligenza che ha saputo far capire la Sicilia agli Italiani, grazie anche al suo dialetto siciliano un po' addomesticato. Fino ad oggi, per gli Italiani, la Sicilia era esclusivamente una meta turistica o la terra della mafia. Camilleri propone un viaggio diverso e mostra una realtà più complessa, ma soprattutto, attraverso la Sicilia, racconta l'Italia. Anzi, per la prima volta, gli Italiani si sentono siciliani, e questa è una novità, perchè tutti i grandi scrittori siciliani, da Verga a Tomasi di Lampedusa, avevano sempre sottolineato le differenze tra l'isola e il continente.
(traduzione a cura di Lucia)
 

Le renouveau du polar
A la suite du formidable succès des romans d'Andrea Camilleri, qui font revivre le passé de la Sicile, le polar italien plonge ses racines dans le régionalisme et l'Histoire.

Sortir de son ghetto est le nirvana des littératures de genre, réservées par définition à un public d'initiés plus ou moins large, et la conquête du marché de la littérature générale s'accomplit parfois par l'irruption sur ce marché d'auteurs dont le succès va exploser les limites habituelles du genre en question. Un exemple de ce processus est actuellement disponible sur la scène italienne, avec Andrea Camilieri. Performance éditoriale hors du commun, tous les romans du Sicilien occupant les premières places en tête des ventes depuis plusieurs années, sur un marché qui est marqué par la multiplication des petites maisons d'édition. Le phénomène est toutefois dû au faible coût des frais éditoriaux plus qu'à une extension du lectorat et quant aux auteurs publiés par ces maisons, en dépit du renouveau du roman policier italien amorcé depuis quelques années, la plupart peinent à se frayer un chemin à travers l'écrasante prépondérance des auteurs anglo-saxons (sans parler de Simenon ou de Daniel Pennac).
Camilleri, lui, est-il un grand écrivain pour être ainsi sorti du lot? La question soulève là-bas bien des controverses, et ravive de vieilles querelles éculées et tarte à la crème, du genre "littérature commerciale". Objectivement, on ne peut pourtant pas dire que Camilleri ait apporté quoi que ce soit de bien nouveau dans le roman policier et d'autres, comme Vazquez Montalban, ont fait au moins aussi bien que lui et avant lui. Alors pourquoi de vieilles recettes se sont-elles transformées en potion magique entre les mains d'un homme de soixante-quinze ans, qui avait publié ses premiers textes après la Seconde Guerre mondiale et dont le premier roman est sorti en 1978 à compte d'auteur? Il y a sans doute une part de cette mystérieuse alchimie qui transmue un auteur lambda en écrivain à succès et dont aucun éditeur n'a jamais trouvé la formule, peut-être aussi la marque d'un certain retard du public italien par rapport à la modernité du roman noir (et que Camilleri ne contribue certes pas à combler). Mais si l'on préfère toucher au noyau dur du consensus entourant le maître, on peut par exemple visiter le site Internet du fan-club et y lire des choses du genre: "Camilleri a rendu la sicilianité "compréhensible" en mettant en clair la complexité de l'âme sicilienne au-delà des subtiles constructions psychologiques de Pirandello ou des abysses volcaniques de Sciascia." La bannière de l'identité culturelle est en effet agitée sur la téte du Sicilien, comme elle l'est d'ailleurs par la plupart des autres auteurs italiens, marqués par un régionalisme extrémement puissant (le régionalisme est paré de toutes les vertus tandis que le nationalisme est très mal vu). Mais le talent de Camilleri est d'avoir su transformer en produit universel ce qui chez d'autres prend l'allure d'ennuyeux catalogues des us et coutumes locaux. Car, en dépit des objections venues du méme site Internet, et proclamant que "seuls les véritables Siciliens peuvent comprendre Camilleri", la réussite, nationale et internationale, de l'écrivain est là pour montrer qu’il a su transcender ce genre de mesquineries.
Il faut ajouter à cela une écriture efficace: Camilleri ne procède pas par chapitres, mais par séquences, héritage de sa formation cinématographique, un bon équilibre entre l'épaisseur humaine des personnages et l'action proprement dite et enfìn un personnage, le commissaire Montalbano, qui suscite habilement la sympathie du lecteur moyen (d'un âge justement moyen) en renvoyant l'image d'un homme assumant avec sagesse sa maturité. A l'image de son modèle espagnol, Carvalho: même génération, même personnalité, même goút pour la cuisine. Camilleri ne s'embarrasse pas de contorsions psychologiques et il a cité à ce propos un dicton sicilien: "la megghiu parola è chidda cà non si dici". La meilleure parole est celle qui ne se prononce pas. Métaphore d'un style relativement dépouillé qui situe en fait son héritage plus du cóté des littératures comportementalistes américaines que de Pirandello.
Montalbano ne représente pas l'intégralité des écrits de Camilleri, car celui-ci s'est penché sur le passé de la Sicile à travers plusieurs romans policiers historiques, ainsi que l'avait fait Sciascia avant lui, en tentant d'exemplariser quelques faits divers pour illustrer la situation de son pays. Ce choix du passé comme lieu historique se retrouve chez la plupart des auteurs contemporains, toutes générations confondues. Régionalisme et culture du passé représentent peut-être une revanche identitaire pour un polar italien dominé pendant longtemps par les produits et les modèles étrangers.
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Gérard Lecas

Il rinnovato successo del poliziesco
In seguito al formidabile successo dei romanzi di Andrea Camilleri, che fanno rivivere il passato della Sicilia, il poliziesco italiano affonda le sue radici nel regionalismo e nella Storia.
Usicire dal  ghetto è il nirvana della letteratura "di genere", riservata per definizione ad un pubblico più o meno vasto di iniziati, e la conquista del mercato della letteratura generale si effettua a volte attraverso l'irruzione sul mercato di autori il cui successo forza i limiti abituali del genere in questione. Un esempio di tale processo è attualmente disponibile sulla scena italiana, con Andrea Camilleri. Performance editoriale fuori dall'ordinario, tutti i romanzi del Siciliano occupano i primi posti in testa alle classifiche delle vendite da diversi anni, su un mercato segnato dal moltiplicarsi di piccole case editrici. Il fenomeno è tuttavia dovuto più ai costi contenuti delle spese editoriali che ad un'estensione del numero dei lettori, e quanto agli autori pubblicati da queste case di edizione, malgrado il rinnovamento del romanzo poliziesco annunciato da qualche anno, la maggior parte penano ad aprirsi un varco attraverso la schiacciante presenza di autori anglosassoni (senza parlare di Simenon o di Daniel Pennac).
Camilleri, è da considerarsi un grande scrittore per essere riuscito e venir fuori dal mucchio? La domanda solleva parecchie questioni controverse e ravviva delle vecchie dispute oramai passate e "torte alla crema" del tipo "letteratura commerciale". Obiettivamente, non si può comunque dire che Camilleri abbia apportato una
qualsiasi cosa nuova al romanzo poliziesco come altri, ad esempio Vazquez Montalban, hanno fatto almeno bene come lui e prima di lui. Allora, perchè queste vecchie ricette si sono trasformate in pozioni magiche tra le mani di un uomo di 75 anni, che aveva pubblicato i suoi primi testi dopo la 2 Guerra Mondiale, e il cui primo romanzo è uscito nel 1978? C'è sicuramente una parte di questa curiosa alchimia che trasforma un autore lambda  in uno scrittore di grido e di cui nessun editore ha mai trovato la formula, e forse anche il segno di un certo ritardo del pubblico italiano rispetto alla modernità del del romanzo noir (e che Camilleri non contribuisce di certo a colmare). Ma se si preferisce toccare il nocciolo duro del consenso che circonda il maestro, si può per esempio visitare il sito Internet del fan-club e leggervi cose del tipo: "Camilleri ha reso la sicilianità "comprensibile" mettendo in chiaro la complessità dell'anima siciliana aldilà delle sottili costruzioni psicologiche di Pirandello o degli abissi vulcanici di Sciascia." Lo stendardo dell'identità culturale è in effetti sventolato sulla testa del Siciliano come del resto sulla maggior parte degli autori italiani, segnato da un regionalismo estremamente forte (il regionalismo è ornato di tutte le virtù mentre il nazionalismo è piuttosto mal visto). Ma il talento di Camilleri è stato quello di aver saputo trasformare in prodotto universale ciò che altrove prende un'aura di noioso catalogo di usi e costumi locali. Perchè, a dispetto delle obiezioni venute dallo stesso sito Internet, che proclamano che "solo i veri Siciliani possono capire Camilleri", il successo, nazionale e internazionale, dello scrittore è la per mostrare che egli ha saputo trascendere questo genere di meschinerie.
Bisogna aggiungere a tutto ciò una scrittura efficace: Camilleri non procede per capitoli, ma per sequenze, eredità della sua formazione cinematografica, un buon equilibrio tra lo spessore umano dei personaggi e l'azione propriamente detta e infine un personaggio, come il commissario Montalbano, che suscita abilmente le simpatie del lettore medio (e di età giustamente media) riflettendo l'immagine di un uomo che assume con saggezza la maturità dell'età. A immagine del suo modello spagnolo, Carvalho: stessa generazione, stessa personalità, stesso gusto per la cucina. Camilleri non si perde in contorsioni psicologiche e cita a questo proposito un proverbio siciliano: "la megghiu parola è chidda cà non si dici". Metafora di uno stile relavitavemente spoglio che si situa più sul lato della letteratura americana comportamentalista che su Pirandello.
Montalbano non rappresenta l'integralità delle opere di Camilleri, che si è proteso verso il passato della Sicilia attraverso diverso romanzi polizieschi storici, come Sciascia prima di lui, tentando di esemplarizzare qualche fatto di cronaca per illustrare la situazione del suo paese. La scelta del passato come luogo storico si ritrova nelle opere della maggior parte degli autori contemporanei, di tutte le età. Regionalismo e cultura del passato rappresentano forse una rivendicazione identitaria per il poliziesco italiano a lungo dominato da prodotti e modelli stranieri.
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(traduzione a cura di Lucia)
 

Vient de paraître

Une douzaine de romans d'Andrea Camilleri ont été publiés en France depuis 98, ce qui n'est quand même pas rien. La série des Commissaire Montalbano est l'exclusivité du Fleuve Noir. Cycle inauguré en 98 avec La forme de l'eau, tandis que vient de sortir La voix du violon. Entre les deux, signalons Chien de faïence et Le voleur de goûter. D'autres éditeurs se sont rués sur le filon, Métailié pour L'opéra de Vigata, republié en Points Seuil, ou ces jours-ci La disparition de Judas, chronique hilarante et originale d'un délit XIX siècle composée uniquement de rapports de police, de témoins, d'articles de journaux, etc. Fayard s'est mis de la partie, avec l'un des textes les plus connus du Sicilien La concession du téléphone (99) et Un filet de fumée (2002). Il faut signaler le travail émérite des traducteurs Serge Quadruppani et Dominique Vittoz qui contournent habilement les pièges du dialecte sicilien. Le Promeneur, quant à lui, vient de publier deux petits textes historiques, Un massacre oublié et Indulgences à la carte.
G.L.

Appena pubblicati
Una dozzina di romanzi di Andrea Camilleri sono stati pubblicati in Francia dal 98, il che non è poco.La serie del Commissario Montalbano è un'esclusiva della casa  Fleuve Noir. Ciclo inaugurato nel 98 con "La forme de l'eau" ("La forma dell'acqua"), ed è appena uscito "La voix du violon" ("La voce del violino"). Tra i due, segnaliamo "Chien de faïence" ("Il cane di terracotta") e "Le voleur de goûter" ("Il ladro di merendine"). Altri editori si sono buttati sul filone:  Métailié per "L'opéra de Vigata" ("Il birraio di Preston"), ripubblicata da Points Seuil, o, in questi giorni "La disparition de Judas" ("La scomparsa di Patò"), cronaca esilarante e originale di un delitto del XIX secolo che si compone unicamente di rapporti di polizia, testimonianze, articoli di giornali, etc. Fayard è entrato nella partita, con uno dei testi più conosciuti del Siciliano, "La concession du téléphone" (99, "La concessione del telefono") e "Un filet de fumée" (2002, "Un filo di fumo"). Bisogna segnalare il lavoro emerito dei traduttori  Serge Quadruppani e Dominique Vittoz che abilmente schivano le trappole del dialetto siciliano. Le Promeneur ha appena pubblicato due piccoli testi storici,  "Un massacre oublié" ("La strage dimenticata") et "Indulgences à la carte" ("La bolla di componenda").
(traduzione a cura di Lucia)