Ouessant 1999
1er Prix du Livre Insulaire
Grand Prix des Îles du Ponant
Derrière le clin d'oeil involontaire à l'actualité, le jury a tenu à saluer une éblouissante
performance stylistique, une intrigue qui n'esquive pas la rigueur des meilleurs polars, un humour
distancié et le soin pris à caractériser les relations délicates qui s'instaurent entre une
communauté insulaire et un lointain pouvoir central.
«Il 6 settembre di quest'anno mi hanno mandato un fax da Parigi dove mi comunicavano che
avevo vinto il premio letterario indetto dall'isola di Ouessant. Mi mandavano la comunicazione
e mi domandavano solo in quale banca mandare l'assegno. Non volevano né conoscermi né organizzare
passerelle. In attesa di chiarimenti, andai a guardare su un'enciclopedia. Ouessant, circondario
marittimo di Brest, è un'isoletta di meno di tremila abitanti pescatori. L'isola, nel nord-Atlantico,
è la base di motopescherecci d'altura. Da un giornale di Brest appresi il resto. Il premio è
riservato a scrittori insulari. Quest'anno hanno preso in esame scrittori siciliani, irlandesi,
antillani. La giuria, presieduta da una scrittrice di Guadalupa e composta da gente del luogo, ha
premiato il mio libro L'Opéra de Vigata (così suona la traduzione francese del Birraio di
Preston) con la seguente, spettacolosa motivazione: "bon livre". Se questa non è insularità,
cos'è?».
(Andrea Camilleri, da un'intervista a La grotta della vipera, anno XXV, n° 88, inverno 1999)
Sicile, 1875. Tout commence et tout finit par les
flammes qui ravagent le nouveau théâtre de Vigàta, occasion rêvée pour un
ingénieur germanique de tester grandeur nature sa machine à éteindre les
incendies. Entre les deux, on revient en arrière pour se heurter à
l'entêtement du préfet Bortuzzi qui s'obstine, contre le gré des habitants
de la petite ville, à vouloir faire donner un obscur opéra pour
l'inauguration de ce fameux théâtre : Le Brasseur de Preston.
Les Vigatais ne l'entendent pas du tout, mais alors pas du tout de cette
oreille... Ce n'est pas un représentant de l'État, Milanais de surcroît,
qui va faire la pluie et le beau temps chez eux. Cette situation a priori
anecdotique va déchaîner les passions, les manipulations, les pressions de
tout poil dans cette petite société si prompte à s'enflammer. Dans tous
les sens du terme...
Encore un excellent "historique" de Camilleri, comme l'étaient déjà et
entre autres
La
Saison de la chasse et
La
Concession du téléphone, eux aussi situés à Vigatà. Le créateur du
célèbre inspecteur contemporain Montalbano était une fois de plus en
grande forme lorsqu'il a écrit ce texte jubilatoire. Le drame et le
burlesque se font la nique pour dépeindre dans un grand délire cette
Sicile unique et ses excès en tous genres. Les personnages, parfois
grossiers jamais vulgaires, sont de vraies allégories sans les travers de
la caricature. Les dialogues sont le plus souvent hilarants, les
situations ubuesques, dans le crime comme dans les joies de la chair.
L'écriture, en mêlant allègrement l'Italien et le dialecte local (encore
une vraie performance de traduction de Serge Quadruppani) permet une forte
identification du lecteur. Un excellent roman qui s'achève avec un joli
clin d'œil : Camilleri parvient à faire rire même avec... la table
des matières ! --Bruno Ménard
Quatrième de couverture Vers 1875, à Vigata, en Sicile, pour
l'inauguration du nouveau théâtre, le préfet dresse contre lui tous les
habitants en imposant la représentation d'un obscur opéra, Le Brasseur de
Preston. Son obstination de Milanais, et sa qualité de représentant d'un
État totalement étranger aux déraisons siciliennes, mettent en branle un
enchaînement de passions publiques et privées qui aboutit d'abord au
fiasco cataclysmique du spectacle, puis à l'incendie du théâtre. Des
personnages hauts en couleur construisent cette histoire riche en mystères
et où l'on s'achemine, à travers les orgies du rire et les injustices
sociales, d'explosions érotiques en égorgements, vers une fin à l'image
d'une Sicile où la farce, inlassablement, s'accouple à la tragédie.
Note du traducteur :
L'Opéra de Vigàta, (en italien Il Birraio di
Preston), appartient à la série des romans de
Camilleri qui se rapprochent le plus de ceux de son ami Sciascia : partant
d'un fait divers du XIXe siècle exhumé des archives, il reconstruit
la tragi-comédie d'une société où la permanence
des modes de vie et de domination siciliens s'affirme contre les
modèles importés du Nord. Ces derniers sont ici
représentés par différents personnages, le préfet
florentin, le questeur milanais, le révolutionnaire romain,
pour lesquels il a fallu à chaque fois trouver des solutions
différentes, puisque l'auteur les fait chacun parler
dans leur langue propre.
Serge Quadruppani
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