Le
récit commence au premier jour de retraite du personnage de ce roman, dont le
nom n’apparaît jamais. Directeur d’une banque, il a épousé en secondes noces une
veuve bien plus jeune que lui, Adele, dont on découvre peu à peu la double
personnalité. Affamée de reconnaissance sociale et parangon de respectabilité,
elle est aussi dotée d’un appétit sexuel sans bornes et sans morale, au point d’imposer
à son vieil époux la présence d’un jeune cousin qui sait la satisfaire.
Est-elle
totalement insensible ou aime-t-elle en réalité son mari plus que tout ? Tandis
que pointe la maladie terminale, le vieil homme creuse l’énigme. Tout en perçant
à jour les faux-semblants d’une société bourgeoise qui affecte la bienfaisance
et pratique le compromis mafieux tout en acceptant sa déchéance contre quelques
moments de bonheur sensuel, il découvre des facettes contradictoires d’Adele,
incroyable figure féminine, en attendant le jour où elle revêtira le tailleur
gris, signe de mort imminente...
Écrit dans une langue bien plus sobre que celle à laquelle il nous avait
habitués, ce roman d’Andrea Camilleri nous fait découvrir un nouvel aspect,
totalement inconnu jusque-là, du talent du grand auteur sicilien, dans la lignée
des Simenon sans Maigret. Dans cette histoire où le tragique se fait quotidien,
les virtuosités langagières se font discrètes comme le désespoir qui pointe. Une
grande et splendide réussite d’un écrivain octogénaire qui est aussi, et de très
loin, le plus lu en Italie depuis une quinzaine d’année.
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