home page





La Peur de Montalbano

La Sicile, sa mafia et sa truculence, servie à la sauce polar par un poète!

Qui est le commissaire Montalbano? Un flic sicilien, amateur de cuisine, chouchouté par sa femme de ménage. Un homme attentif à ses voisins et à ses adjoints, fiancé à une Génoise de caractère, et bardé d'un humour qui lui permet de dépasser son métier trop officiel.

Andrea Camilleri a créé ce policier sur le tard. A soixante ans, alors qu'il était déjà connu comme poète, scénariste, metteur en scène, une envie le prend, comme un hommage à ses maîtres littéraires: le Belge Georges Simenon et l'Espagnol Manuel Vázquez Montalbán. A l'un, il emprunte la silhouette, la placidité et l'envie de comprendre plus que de rendre la justice, à l'autre, il chipe les goûts culinaires, l'épicurisme, l'humour et le nom, Montalbano. Avec ce héros policier récurrent, Camilleri est devenu un auteur de best-sellers. Moins connues, ses fictions «non polars» comme L'opéra de Vigàta ou Le coup du cavalier (publiés chez Anne-Marie Métailié) demandent une lecture plus exigeante, s'intéressent à l'histoire, aux secrets du passé alors que les Montalbano racontent une Sicile quotidienne, pittoresque où la langue, le «mélange linguistique» tiennent un rôle essentiel.

La peur de Montalbano, dernier ouvrage paru chez Fleuve Noir, croise nouvelles et genre policier, montrant les différentes facettes de l'écrivain. Certains textes courts sont de vigoureuses pirouettes où le commissaire se trouve tour à tour fragile, ébahi, amusé, et toujours ironique. Les textes plus longs sont de vraies intrigues avec une volonté résolutive, un regard social où bourgeoisie et mafia entrent en scène. Autour de Montalbano, tout un petit monde sicilien familier joue son rôle truculent ou pitoyable: cuisinière bougonne, adjoint stupide, collègue hésitant. Et toujours cette langue, ces dialectes savoureux, si difficiles à traduire. Ce recueil de textes est donc particulièrement éclairant sur l'œuvre policière de l'écrivain, qui continue de s'étonner devant les ventes impressionnantes de ses polars. «Non, je ne sais pas l'expliquer. Et la chose, naturellement, m'effraie. Je suis un homme qui prétend expliquer les raisons de ce qui lui arrive. Quand je n'y arrive pas, je deviens inquiet. Comme je le suis depuis quelques années.»

Christine Ferniot - Lire, juin 2004





Last modified Saturday, July, 16, 2011